• [Critique] Prince des Ténèbres




    Titre
     : Prince des Ténèbres (Prince of Darkness)

    Réalisateur : John Carpenter
    Année : 1987
    Avec : Donald Pleasence, Lisa Blount, Victor Wong, Jameson Parker, Alice Cooper
    Genre : Horreur, Fantastique
    Pays d'Origine : USA
    Durée : 1h30

    Après le bide commercial de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin, devenu culte depuis, John Carpenter enchaîne sur un film au budget bien plus modeste : Prince des Ténèbres a pu finalement se faire grâce au soutien du chanteur Alice Cooper, qui tient un second rôle dans le film. L'occasion pour le réalisateur de revenir à un pur film d'horreur, après une aventure familiale, et de rappeler quelques anciens collaborateurs : Donald Pleasence (qui joue encore un personnage du nom de Loomis) et Victor Wong. Comme son titre l'indique, Prince des Ténèbres parle du Diable, ou plutôt du Mal, un thème récurrent chez Carpenter : un groupe de chercheurs étudient un étrange cylindre dissimulé dans le sous-sol d'une Eglise qui contient un fluide vert très ancien dont l'influence sur les hommes va être fatal à une bonne partie de l'équipe.



    La contamination par le Mal est une fois encore au coeur de l'histoire, et on l'avait compris dès Halloween : chez Carpenter, les hommes sont impuissants face au Mal à l'état pur et ne peuvent rien faire pour l'arrêter. Le Diable et son influence était donc un sujet en or pour Big John, et vu l'ampleur de la chose il n'est pas étonnant que l'on dise de Prince des Ténèbres qu'il forme, avec The Thing et L'Antre des Ténèbres, une "trilogie de l'apocalypse". Si le sang ne se met à couler qu'au bout d'une demi heure, Prince des Ténèbres est un film angoissant dès ses premières secondes, avec son générique qui s'étire longuement, entrecoupé de scènes diverses qui nous plongent dans l'univers du film et son discours scientifique. Poussé par le manque de moyen à trouver des astuces, Carpenter installe progressivement l'angoisse grâce à sa musique omniprésente, minimaliste et si typique de son travail, au rythme lent du film, mais surtout en plaçant ses personnages en situation de siège : entourés par une horde de clochards muets et immobiles, ils sont prisonniers de l'église où ils se trouvent. Prince des Ténèbres est un huis-clos à l'ambiance oppressante, où des centaines d'insectes et des rêves étranges remplacent avec efficacité des effets spéciaux onéreux, avant une dernière partie spectaculaire où l'horreur devient plus visuelle. Très à l'aise avec les lieux clos (cf Assaut), Carpenter joue aussi bien avec notre claustrophobie qu'avec la peur de l'extérieur, synonyme de mort pour ceux qui s'y risquent : on n'est en sécurité nulle part, la menace est omniprésente, de la première à la dernière seconde du film. Particulièrement noir, le film enchaîne les scènes particulièrement efficaces, profitant de l'astuce de la mise en scène (la mort d'un personnage rempli d'insectes dans le noir est magnifique) ou de l'étrangeté des situations (les rêves qui se répètent ressemblant à des enregistrements VHS bien sales sont particulièrement hypnotiques). Et ce ne sont pas les passages plus légers (les blagues sur Susan, la radiologiste dont tout le monde oublie le prénom, le copain asiatique rigolo, la romance entre les deux personnages principaux à peine traitée) qui vont adoucir un film particulièrement dur et pessimiste, où l'humanité ne peut rien, où ni la science ni la religion n'ont les moyens d'affronter ce qui leur tombera inévitablement dessus.

    Anxiogène et pesant du début à la fin, Prince des Ténèbres fait partie des grands films de Carpenter, où il exprime tout son talent pour faire naître l'angoisse et nous plonger en plein cauchemar, et ce avec des moyens particulièrement réduits.

    Note finale : 9,5/10 


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