• [Critique] Dracula (1931)




    Titre
    : Dracula

    Réalisateur : Tod Browning
    Année : 1931
    Avec : Bela Lugosi, Dwight Frye, Helen Chandler, Edward Von Sloan
    Genre : Fantastique, Epouvante
    Pays d'Origine : USA
    Durée : 1h15


    Deuxième adaptation majeure du roman de Bram Stoker, le Dracula de Tod Browning est aussi la première "officielle", puisque le magnifique Nosferatu de Murnau n'avait pas les droits d'adaptation. Tod Browning s'y connait en vampires, puisque quelques années plus tôt il réalisait Londres Après Minuit, mythique film muet totalement disparu dont il a également signé le remake parlant en  1935 avec La Marque du Vampire. Et c'est d'ailleurs avec Lon Chaney, vedette entre autres de Londres Après Minuit, que Tod Browning devait tourner ce film. Hélas, le décès de l'acteur a amené un relatif inconnu à l'époque à prendre sa place : Bela Lugosi, qui tenait alors le rôle du sinistre comte au théatre.



    Prenant quelques libertés avec le roman afin de le simplifier, Tod Browning déplace la quasi totalité de l'action à Londres. En fait, son Dracula est plus proche d'un drame mondain que d'un spectaculaire film d'horreur : l'action se déroule essentiellement en intérieur, et l'ensemble repose plus sur les dialogues que sur des effets spéciaux d'ailleurs presque inexistants (peut-on parler d'effets spéciaux face à des chauves souris en plastique pendues à un fil ? ). Le minimalisme du film est d'ailleurs amplifié par l'absence totale de musique, à part lors du concert ou lors du générique de début, avec le Lac des Cygnes en fond. Un choix respecté lors de la récente réédition en blu-ray du film, et l'on peut donc oublier la partition composée par Philip Glass dans les années 80. Ce silence plonge le film dans une ambiance étrange, déjà instaurée par un montage qui nous parait parfois bizarre : d'une courte durée, le film ne montre jamais la moindre canine de vampire et les morsures sont bien sûr pudiquement cachées. Peut-être que l'implication de Tod Browning dans le projet était aussi moins forte après la mort de l'acteur qu'il souhaitait, laissant à Karl Freund le soin de réaliser plusieurs scènes. Il en résulte un sensation de flottement surréaliste et pas désagréable, amplifiée par les apparition hallucinées d'un Renfield au regard possédé. Mais ce Dracula-là marque également les esprits grâce à son interprète, Bela Lugosi, au jeu particulièrement théatral qui surjoue même l'immobilisme et dont les mimiques et mouvements sont désormais cultes. Au point que l'acteur n'a jamais réellement pu quitter ce rôle, se faisant même enterrer avec sa cape après une fin de carrière dans des films de Ed Wood où il recyclait ses célèbres grimaces, son ton théatrale et sa gestuelle des mains. Et malgré un budget réduit (la Grande Dépression sévit aux Etats-Unis, et produire un film épique n'est pas évident), Dracula contient également son lot de superbes décors. On retient surtout le chateau du comte, son caveau et son abbaye où les toiles d'araignées parmis les ruines viennent ajouter du cachet au film.

    Pour une première adaptation officielle du roman au cinéma, Dracula n'est pas aussi spectaculaire que l'on pourrait supposer à première vue, surtout si on le compare à une autre production Universal de l'époque, le superbe Frankenstein de James Whale. Mais avec son ambiance bizarre et surtout Bela Lugosi, qui encore aujourd'hui est l'incarnation parfaite du comte, le film de Tod Browning reste une des meilleures versions existentes, et un film de vampires majeur.

    Note finale : 8,5/10 


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