Titre : Le Jour de la Bête (El Día de la Bestia) 
Réalisateur : Álex de la Iglesia 
Année : 1995 
Avec : Alex Angulo, Santiago Segura, Armando de Razza, Terele Pavez 
Genre : Comédie, Fantastique 
Pays d'Origine : Espagne 
Durée : 1h40 environ 

Après un premier film remarqué, Action Mutante ([critique]), Álex de la Iglesia continue dans l'humour noir qui le caractérise et le fantastique avec Le Jour de la Bête, l'histoire d'un prêtre qui découvre que l'antéchrist va bientôt naitre (à Noël pour être précis) et provoquer la fin du monde. Pour empêcher l'humanité d'être perdue, il décide de faire le mal pour vendre son âme au diable et découvrir où se trouve son fils afin de le tuer avant qu'il ne soit trop tard. 



Fidèle à lui même, le réalisateur espagnol propose un pitch alléchant et joyeusement transgressif qui nous garantit un festival de gags jouissifs dans sa première partie : un prêtre qui pique le porte-feuille d'un mourant et joue à pousser un mime, ça fait toujours plaisir à voir. Le casting est une belle réussite, Alex Angulo est parfait dans le rôle avec son air innofensif et un peu perdu, bien que Santiago Segura en sidekick métalleux à moitié fou soit tout aussi magnifique. Car en chemin, notre prêtre va s'allier à un fan de metal (pour invoquer Satan, vaut mieux écouter du metal, et à l'envers si possible, c'est bien connu) dont le père aime se promener le kiki à l'air et la mère aime manger du lapin. Si le pitch du Jour de la Bête est prometteur et très rigolo, on connait les tendances de De la Iglesia à parfois s'éparpiller, voulant trop en faire. Ce n'est pas le cas ici, et en cela le film marque une belle évolution par rapport à Action Mutante : malgré la folie du film, tout est maitrisé, du début à la fin, et jamais le rythme ne faiblit. De la drôlerie de la première partie à la noirceur toujours surprenante chez cet auteur des dernières minutes, on ne décroche jamais grâce à un duo (puis trio, avec l'arrivée d'un présentateur télé) attachant et des scènes aussi étranges qu'amusantes (l'invocation d'un démon dans un appartement par exemple). Álex de la Iglesia est un réalisateur qui aime l'humour noir, on le sait, et c'est pour mieux montrer les travers de son peuple. Le Jour de la Bête ne fait pas exception, et même si l'on rigole bien, le contexte du film est particulièrement sombre, avec notamment des groupes que l'on devine fascites qui s'en prennent à des personnes au hasard dans la rue et y mettent le feu. S'installe donc en parallèle une sensation de malaise dont l'apogée sera une apparition d'un diable particulièrement convaincant (et c'est rare au cinéma).

Un des meilleurs films d'Álex de la Iglesia, Le Jour de la Bête est un film dont l'humour fait mouche de bout en bout en bout et dont le pitch plutôt simple prend des dimensions épiques au fur et à mesure que les choses dégénèrent de plus en plus et que les rires deviennent des grincements de dents. Un grand film, dans lequel on a le plaisir de découvrir bon nombre d'acteurs réguliers du cinéma de De La Iglesia, en particulier dans les seconds rôles où l'on retrouve plusieurs trognes qui font plaisir à voir, et qui ont pris un coup de vieux dans Les Sorcières de Zugarramurdi (voir [critique]), sa dernière folie qui sort tout bientôt!

Note finale : 9,5/10