• [Critique] Lone Ranger




    Titre
    : Lone Ranger - Naissance d'un Héros (The Lone Ranger)

    Réalisateur : Gore Verbinski
    Année : 2013
    Avec : Johnny Depp, Armie Hammer, William Fichtner, Helena Bonham-Carter
    Genre : Western, Comédie
    Pays d'Origine : USA
    Durée : 2h30


    Réunir la troupe à l'origine de l'énorme succès des Pirates des Caraïbes (Gore Verbinski à la réal, Johnny Depp sur l'affiche et le tout supervisé par le producteur Jerry Bruckheimerpour donner vie sur grand écran à un personnage de la culture americain vieux de 80 ans et plus ou moins tombé dans l'oubli? Lone Ranger avait tout pour devenir un gros succès et lancer une nouvelle franchise pour Disney...



    Et pourtant, le film est un bide. Ou plus exactement, un véritable fiasco par rapport à son budget. L'accueil qui lui a été réservé aux USA a été glacial, et la tendance ne semble pas s'inverser dans le reste du monde. Disons le tout de suite : Lone Ranger souffre d'une communication catastrophique, entre la presse et les bloggeurs qui le maltraitaient avant même son tournage et Disney qui ne sait absolument pas le vendre, pas étonnant que le film ne rencontre pas son public. Comme quoi, les préjugés, c'est mal : Lone Ranger n'a (presque) rien d'un Pirates des Caraïbes bis, en moins bien et en plus ringard. Lone Ranger est avant tout un western, un vrai, aux paysages somptueux où l'on sait très bien ce que ça veut dire quand les cigales arrêtent de chanter, où les vilains ont une sale trogne, et où l'on se tire dessus. Et pas qu'un peu. Lone Ranger est un film incroyablement violent pour un blockbuster produit par Disney : y'a tout un paquet de personnages qui se font descendre, on voit du pipi, du caca et du vomi, y'a des scènes dans un bordel, et en plus y'a même un type qui arrache le coeur d'un autre pour le manger...



    Mais si il n'y avait eu que cette ambiance de violence pour dissuader le public, le film aurait peut-être rapporté des sous. Mais Lone Ranger va plus loin dans le malaise, car derrière son coté divertissement spectaculaire, le film parle avant tout de comment la culture indienne a été traitée par les hommes blancs qui ont envahi et détruit leurs terres, et la disparition de ce peuple. Le fait que le film soit raconté par l'indien Tonto vieux (Depp), réduit à être exposé en vitrine parmi les "souvenirs de l'ouest" est parlant d'entrée (en plus de lui donner un coté fantômatique et mysterieux réussi). Mais ça ne sera pas tout, loin de là. Dans leur film, Verbinski et Depp ont à coeur de dénoncer la cupidité et la violence des hommes, deux fondements sur lesquels se sont construits les Etats-Unis à grands coups de rails en territoire indien et de soit-disant "progrès" illustré par les mitrailleuses que l'armée americaine oppose aux arcs des indiens. Alors qu'on nous bassine avec l'expression "blockbuster intelligent" dès qu'un film à gros budget se la joue ambiance pesante et héros torturé, il faudrait peut-être voir ici la réelle raison du malaise que provoque Lone Ranger, dont le coeur est bien plus grave, dur et corrosif qu'on pouvait s'y attendre.
     
    Mais il ne faut pas non plus de tromper sur la marchandise : Lone Ranger est aussi un bon gros film fun idéal pour s'abriter du soleil dans une salle climatisée, avec ses acteurs qui s'éclatent (William Fichtner est génial). L'humour absurde fonctionne particulièrement bien (avec peut-être le cheval le plus charismatique de l'histoire du cinéma!), on est souvent surprisn les scènes d'action sont spectaculaires, et, pour le coup, nous rappellent celles délirantes des Pirates des Caraïbes...Et Johnny Depp réussit à rester relativement sobre tout en en faisant des tonnes, son personnage étant aux antipodes de Jack Sparrow (malgré ce que les mauvaises langues disaient avant de voir le film), en plus d'apporter quelques notes fantastiques au film (il semble communiquer avec son corbeau mort, pourchasse le wendigo (un esprit maléfique et cannibale)...Et finalement nous rassure : le type complètement dingue qui ne choisissait que des projets barrés dans les années 90 n'est peut-être pas cet acteur boursoufflé qui enchaine les gros cachets depuis 10 ans. Car malgré son budget, Lone Ranger est clairement un projet personnel sur lequel souffle un vent de liberté rarissime pour un film de cette envergure, Disney ayant laissé totalement carte blanche à son équipe. Et si ils doivent s'en mordre les doigts aujourd'hui vu l'echec commercial, artistiquement on a droit à une jolie réussite là où on ne l'attendait pas.



    Malgré son coté parfois bancal et quelques soucis de rythme (le film est bien trop long), Lone Ranger apparait comme un OVNI dans le paysage formaté des blockbusters, un délire quasi-inconscient d'une petite troupe qui a profité de ses succès passés pour avoir les mains libres et aller aussi loin qu'ils se le permettaient pour produire un film à la fois violent et difficile, spectaculaire (ne serait-ce que pour ses décors naturels) et très drôles. On n'en verra jamais les suites, et Bruckheimer, Verbinski et Depp ont du perdre énormément de leur aura auprès des studios et ne pourront peut-être plus jamais imposer leurs choix aussi facilement, mais ça valait le coup, car Lone Ranger est réellement une belle surprise.

    Note finale : 8,5/10 


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