• [Critique] Poultrygeist : Night of the Chicken Dead



    Titre : Poultrygeist, Night of the Chicken Dead
    Réalisateur : Lloyd Kaufman
    Année : 2006
    Avec : Jason Yachanin, Kate Graham, Lloyd Kaufman
    Genre : Comédie un peu musicale gore un peu végétarienne


    Face à un titre de film comme Poultrygeist (jeu de mot entre "poultry", volaille, et "poltergeist"), vous réagissez comment? Soit vous cherchez l'endroit sur Terre où il y'a le moins de chance de le voir, soit des étoiles apparaissent dans vos yeux et vous vous mettez à baver. Vu que vous lisez cet article, c'est peut être qu'en ce moment même, vous bavez. Moi, en tout cas, j'ai bavé en découvrant l'existence de cette production Troma. Mais, au risque de me faire des ennemis (vu mes NOMBREUX visiteurs, ça risque d'en faire vraiment une armée, haha!), j'ai toujours trouvé que les films Troma étaient souvent plus marrants quand on en parlait que quand on les voyait.

    Seulement très vite, Poultrygeist fait très bonne impression. Chaque dialogue est assez drôle, les petits détails qui nous sautent aux yeux font rire (dans un vieux cimetière indien se trouve l'indien des Village People, toujours en vie actuellement, les pancartes des manifestants sont trop cools), et surtout le rythme est assez rapide. La mise en scène de Kaufman s'est améliorée et rend le film agréable à suivre, on ne s'y ennuie pas un seul instant. L'histoire permet de taper un peu sur tout le monde : un fast-food parodiant KCF est construit sur l'ancien cimetière indien du début, ce qui révolte une horde de hippies bien pensants. Les esprits des indiens morts s'allient à ceux des défunts poulets, les deux victimes du fast-food, pour posséder la nourriture et transformer ceux qui la mangent en poulet-zombie. Fidèle à la Troma, Poultrygeist est forcément très crade, vulgaire et absurde. Si vous espérez finir votre vie sans voir un obèse littéralement se vider aux toilettes, passez votre chemin. La dernière partie du film est aussi très gore, on se découpe et on se mange de partout, ça gicle et ça glisse! Mais ces excès visuels ne sont pas la seule raison d'être d'un film totalement barré, mais bien plus intéressant que ça. Si le film était seulement dégueulasse à regarder, il ne serait pas aussi drôle. Poultrygeist est aussi un concentré d'humour noir irréverencieux et provocateur, où tout le monde y prend pour son grade. On s'y moque des végétariens, des capitalistes, des hippies, des homosexuels, des handicapés (mentaux et physiques), des juifs, des musulmans, des chrétiens, des indiens, des latinos, des noirs, etc. On y parle allègrement du Ku Klux Klan, de terrorisme et de zoophilie.



    Quand on lit par exemple la liste des bonus d'un DVD, on voit souvent écrit "et bien plus encore". La formule s'applique aussi à ce film : en plus de tout ça, y'a des chansons! Ouais. D'un coup, comme ça, les personnages chantent. Alors parfois c'est raté, et parfois un humour absurde se dégage de certaines scènes (comme lorsque Arbie fait un duo avec son double plus agé en sous-sol, ou la fin face au gros poulet de la mort). Poultrygeist aligne aussi les références à d'autres films de la firme (et ce jusqu'à la fin), que ce soit l'affiche Troméo et Juliette, certaines répliques ou encore le look d'Arbie (jupe + balai) qui rappelle le Toxic Avenger (sont il porte un t-shirt). Il se dégage juste une ambiance de bordel sans nom, un délire hallucinant du début à la fin, qu'un budget rachitique n'entrave jamais. Si on pouvait rapprocher Poultrygeist de quoi que ce soit d'autre sur Terre, ce serait sans hésiter de South Park (ou à la rigueur le film Bikini Bandits, tiens). Mais un des épisodes les plus crades et les plus fous alors. On y retrouve exactement le même genre d'humour et de délires assumés jusqu'au bout. Et tout comme dans South Park, derrière le trash et la provocation se cache souvent un ou deux messages pas trop gogols. Si la satire des fast-food et du nationalisme americain est assez évidente et déjà-vu, j'ai trouvé Poultrygeist particulièrement malin sur une scène où l'employée en burka accusée tout le long de terrorisme préfèrerait mourir (en se faisant exploser, bien sûr) que de voir tomber la démocratie. Derrière la frénésie gore et les outrages à répétition, Poultrygeist cache quelques messages sur la tolérance et l'ouverture qu'il serait bien dommage d'ignorer.

    Alors certes, ces poulets morts-vivants ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Les acteurs sont globalement immondes, les trois quarts des plans pourraient donner la nausée à des gens "normaux" (entendez par là tout à fait chiants, convenus et bonés), et c'est vraiment vraiment vraiment débile. Et pourtant, un film qui ose aller aussi loin, qui sait rester drôle et pertinent et est aussi généreux, ça fait du bien. Il y'a dans Poultrygeist assez de plans pour beugler en se cognant la tête contre celle du voisin ou en se versant de la bière dans le nombril jusqu'à la fin de nos jours. Tout ce qu'on demande d'un film avec un titre pareil, et si vous vous attendiez à un drame polonais sur une goutte de rosée qui a perdu le sens de sa vie, c'est que vous avez de serieux problèmes.


    Note finale :  8,5/10 si c'est ce que vous recherchiez. Sinon, pfiouuu...0 et un sérieux traumatisme si vous vouliez le drame sur la goutte d'eau, là...J'sais pas moi, comment vous voulez noter un truc qui s'appelle Poultrygeist?


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