Titre : Hobo With A Shotgun 
Réalisateur : Jason Eisener
Année : 2011
Avec : Rutger Hauer
Genre : Action, Gore, Comédie

Hobo With A Shotgun est à l'origine une fausse bande-annonce ayant gagné un concours lancé par Robert Rodriguez et Quentin Tarantino à l'époque du double programme Planet Terror / Boulevard de la Mort. Et tout comme Machete de Rodriguez, le trailer a suscité assez d'enthousiasme pour finalement devenir le premier long du canadien Jason Eisener. 

Avec un budget de 3 millions de dollars, le film n'a pas eu l'honneur d'une sortie en salle ailleurs qu'en Amérique du Nord. Dommage. On est très vite mis dans l'ambiance par le Technicolor donnant une teinte retro au film, dans lequel on retrouve le légendaire Rutger Hauer dans le rôle titre. On l'avait un peu perdu de vue, et si sa carrière pouvait connaitre un second souffle (notamment grâce à Hobo), le cinéma ne s'en porterait que mieux. Il est donc un vagabond qui débarque à Hopetown, ville pourrie et corrompue, ultra-violente et aux mains d'un truand (The Drake) et ses deux fils (joués respectivement par sosie de Tom Cruise numéro 1 et sosie de Tom Cruise numéro 2). Le film démarre très fort, avec la décapitation d'un type dont seule la tête dépasse d'une plaque d'égout, les passants étant forcés de regarder la scène. Le sang gicle en un long geyser, il est rouge vif, et une vilaine en manteau de fourrure danse dedans pour éclabousser les badeaux estomaqués. Notre Hobo, lui, veut juste avoir un petit coin tranquille et faire la manche pour réunir de quoi se payer une tondeuse à gazon, rêve qu'on ne s'explique pas au début. Mais un peu à la manière de Clint Eastwood dans Gran Torino, il va très vite vouloir coller un bon cout de karcher (hum-hum) là-dedans, et prendre sous sa protection une jeune prostituée (Abby). Ce n'est donc pas la tondeuse de ses rêves mais un fusil à pompe qu'il rapporte de ses courses. Voilà pour l'histoire, résumée.



On retrouve dans Hobo cette folie, ces excès et cette anarchie que l'on peut trouver dans les productions Troma, on pense à Street Trash de Jim Muro aussi. Le sang coule par litres, les méchants prennent des kilos de drogue et sont vraiment très méchants, un type tourne des snuffs dans lesquels des clochards mangent des bouts de verre, des enfants sont massacrés au lance-flamme, on s'y se balade en patins à glace sur le béton pour faire encore plus méchant, un père Noël pédophile rôde, les scènes gores se succèdent et on se marre environ toutes les 2 minutes, malgré la noirceur de l'ensemble. Le rythme du film ne ralentit que pour laisser la place à des passages faussement gnan-gnans huitième degré sur les ours, les tondeuses à gazon et les jeunes filles intelligentes qui devrait devenir institutrices. Franchement barré, le film gagne même un aspect fantastico-mystique vers sa fin avec l'arrivée des Plagues, duo de tueurs satanico-lovecraftien (y'a des tentacules géants dans leur maison, Jesus et Jeanne d'Arc font partie de leur tableau de chasse!), on ne sait pas trop ce qu'ils sont (sûrement des démons, pas d'autre explication possible!), mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne fait pas vilain plus cool et jouissif. Au milieu d'acteurs surjouant tous les uns plus que les autres, Rutger Hauer est sobre, un peu nonchalant en machine à tuer, charismatique et juste.



Alors Hobo n'est peut être pas le film du siècle, ce n'est pas le plus nuancé non plus, ni le plus élégant, ni le plus abouti, ni même le mieux joué. Mais ses défauts sont aussi ses qualités, et il arrive à être au moins aussi fun et jouissif que Machete (j'ai très envie de dire plus!), à ne pas s'embourber sur la durée et à rester inspiré. Le DVD propose une fin alternative très réussie, qui ravira les fans d'Evil Dead. Très gore, très drôle, très coloré, très bruyant, très violent, et complètement barré, Hobo With A Shotgun est un film euphorisant, et absolument génial dans son genre, ainsi qu'un superbe hommage à ces films d'exploitations dont il s'inspire, plein de répliques kitchissimes et de mutilations.


Note finale : 666/10. Non? Allez, 8 alors.