Titre : Phantasm
Réalisateur : Don Coscarelli
Année : 1979
Avec : Angus Scrimm, A. Michael Baldwin, Reggie Banister
Genre : Horreur, Fantastique

Alors que la sortie de John Dies at the End ne devrait plus trop tarder, revenons sur le premier succès (et le premier film fantastique) réalisé par Don Coscarelli. Réalisé avec un budget minuscule, Phantasm réunit tout ce qu'il faut pour faire un film d'horreur mémorable : une histoire intelligente et un vilain marquant. En parler sans trop le spoil est difficile, alors je vais essayer de faire simple : on y suit Mike, un ado dont les parents viennent de mourir et qui n'arrive pas à s'en remettre. Il s'accroche donc à son grand frêre, de peur de le perdre lui aussi. A un enterrement, il surprend le fossoyeur en train de soulever seul un cercueil de plus de 200 kilos sans effort particulier et commence à se dire qu'un truc ne tourne pas rond dans le cimetière.

Ce fameux fossoyeur, surnommé "The Tall Man" est un des emblèmes forts de la série (4 films pour le moment). Surgissant régulièrement quand on ne l'attend pas, doté de pouvoirs difficilement identifiables, il reste un des vilains les plus énigmatiques du cinéma d'horreur. On ne sait rien de lui, à part qu'il était déjà là il y'a plus d'un siècle, que ses doigts repoussent quand on les coupe, et qu'il a l'air très fort. A ce mystère l'entourant, il faut ajouter un physique qui inquiète facilement : très grand, Angus Scrimm a aussi une voix particulière (ses appels, "booooyyyy", sont mythiques) et une démarche qui ne dégage pas énormément de bienveillance. Normal que Mike soit terrifié à chacune de ses apparitions. La menace que dégage le personnage est renforcée par son "armée" de nains encapuchonés, sortes d'hideux gnomes zombies (ou de jawas!), et ses sphères metalliques volantes qui drainent le sang de leurs victimes. Un petit coté SF plus appuyé plus tard dans le film avec une sorte de porte inter-dimensionelle dont on ne saura au final pas grand chose. Phantasm n'explique en fait rien très clairement, tout y est sujet à interprétations. L'étrangeté du film tient d'ailleurs autant de son histoire que de sa forme. Avec un montage bizarre, on a vite l'impression que l'oeuvre de Coscarelli est assez décousue. La réalisation est un peu flottante, certains raccords et ellipses sont maladroits. Cette sensation vient cependant renforcer le malaise, le sentiment d'être en plein cauchemar, que tout ceci au final est irréel. Difficile de savoir ce qui se passe vraiment ou ce qui se situe dans l'imagination de Mike. Sur cet aspect, Phantasm réussit à faire bien plus fort que le premier Freddy de Wes Craven, qu'il a probablement influencé. 



Avec un budget minuscule, Phantasm est assez économe en effets spéciaux, ce qui n'empêche pas quelques scènes gentimment gores qui, forcément, ont un peu vieilli : le sang giclant de la sphère, le doigt coupé du Tall Man qui continue de bouger, etc. Avec les coiffures des personnages, c'est le seul élément qui a peut être eu du mal à traverser les époques, mais peu importe. La musique, par contre, est magnifique. Quelque part entre John Carpenter et Goblin, elle participe amplement à l'atmosphère onirique et angoissante du film. Arrivé à un dénouement imprévu qui permet de voir Phantasm sous un angle nouveau, on ne sait toujours pas sur quel pied danser. Culte démoniaque ou nécromantique, invasion extra-terrestre, cauchemar, fuite de la réalité d'un gosse qui n'arrive pas à faire son deuil : le film est un peu tout ça mélangé. En mélangeant des influences européennes (pour l'horreur gothique) à un coté très lovecraftien (cette chose indicile qu'on n'arrive pas à identifier, l'aspect onirique), Coscarelli fait preuve d'énormément d'imagination et de créativité. 
Intelligent, passionnant pour ses niveaux de lecture et avec un vilain effrayant, Phantasm n'a au final pas pris trop de rides. Sauf le sang jaune, là, mais c'est pas grave. Par contre, Angus Scrimm approche des 90ans, donc si Coscarelli veut en faire un cinquième, va falloir s'y mettre!

Note finale : 9/10