Titre : Le Château de la Terreur / L'Halluciné (The Terror)
Réalisateur : Roger Corman
Année : 1961
Avec : Jack Nicholson, Boris Karloff, Dick Miller, Sandra Knight
Genre : Fantastique, Epouvante
Durée : 1h20
Pays d'Origine : USA

Sorti en France avec environ 30 ans de retard et sous le titre L'Halluciné, The Terror de Roger Corman est désormais connu sous le nom de Château de la Terreur. Si aujourd'hui le casting du film attire forcément le regard (le face à face entre Boris Karloff et Jack Nicholson, Dick Miller...), on ne peut cependant pas non plus parler du film sans évoquer sa genèse. En effet, Le Château de la Terreur n'a vu le jour uniquement car Corman avait pris de l'avance sur le tournage du Corbeau, et avait encore Boris Karloff sous la main pour deux jours...

Et c'est donc en deux jours que toutes les scènes avec le légendaire acteur ont été tournées, sans vraiment de préparation et encore moins de scenario clair. Les décors? Pas de soucis, on réutilise ceux des films que Corman tournait au même moment, ceux de son cycle Poe, auquel est parfois rattaché Le Château de la Terreur. La musique? On reprend celle que Les Baxter a déjà composé à gauche à droite. Même le costume de Nicholson est preté par Marlon Brando, venant de Desirée. Pour le reste, il suffit de remplir l'espace avec des scènes tournées très rapidement, Corman étant aidé par cinq jeunes réalisateurs (parmi lesquels Francis Ford Coppola, et Jack Nicholson lui-même). Bien entendu, chacun réécrit en partie le scenario des scènes qu'il tourne, ce qui n'est pas pour aider la cohérence du film. Si tout le long le mystère fonctionne sans problème et qu'on est plongé dans une ambiance surréaliste, le dénouement n'apporte du coup aucune réponse claire. Pire, on ne sait pas trop ce qu'est ce fichu fantôme, finalement.



Et pourtant, malgré ces "problèmes" liés au sens des affaires de Corman, Le Château de la Terreur est loin d'être ridicule. Ses décors (beaucoup de vrais extérieurs pour une fois chez Corman) sont convaincants, l'ambiance réussie et bien entendu les acteurs excellents. On retrouve la même ambiance des films gothiques des années 60, des productions Hammer jusqu'au cycle Poe produit par l'AIP, avec plein de brume, des spectres et des vieux chateaux à l'abandon dont le vieux propriétaire est hanté par son passé. La musique, pesante dès le début, contribue à l'étrangeté du film autant que les nombreuses scènes où des personnages déambulent dans des couloirs du château de nuit, scènes probablement tournées à l'époque pour meubler dans le film. Le seul vrai aspect négatif vient du fait qu'on s'intéresse rapidement à l'enquête de Jack Nicholson sur cette femme fantôme, on se demande quels sont ses liens avec la sorcière, avec Karloff, etc...Et que de nombreuses pistes sont entamées ("Ilsa avait un enfant?") et qu'au final aucune n'est suivie jusqu'au bout.

Des détails qui aujourd'hui sont probablement moins handicapants, ces films là gardant comme principal intérêt leur ambiance et la qualité de leurs acteurs. Dans Le Château de la Terreur, Corman prouve une nouvelle fois qu'il est le meilleur pour tourner un film sans budget, sans décor, sans costume et sans scenario!

Note finale : 8/10