• [Critique] Cosmopolis

    cosmopolis


    Titre
     : Cosmopolis

    Réalisateur : David Cronenberg
    Année : 2012
    Avec : Robert Pattinson, Sarah Gadon
    Genre : Drame capitaliste, Coiffeur, Limousine 


    Il pourrait y avoir plusieurs façons de parler de Cosmopolis. Voyez donc la version effrayante : voici l'histoire de Robert Pattinson allant chez le coiffeur en limousine, par le réalisateur de A Dangerous Method, tiré d'un bouquin réputé inadaptable. En chemin, Juliette Binoche et discussions sans queue ni tête. Ou bien on pourrait aussi en dire que le nouveau film de Cronenberg, réalisateur de La MoucheCrash ou encore History of Violence réussit à adapter le roman culte de Don De Lillo fidèlement, et permet à Robert Pattinson de laver son honneur. Non, Cosmopolis n'est pas un film "classique".

    Il suffit d'en prendre le pitch : un jeune PDG plus que riche (Pattinson, donc) décide de traverser Manhattan dans sa limousine pour se faire couper les cheveux, malgré une visite du président des USA, un enterrement d'une star et une manifestation surprise anti-capitaliste qui risquent de troubler son trajet. En chemin, il reçoit plusieurs de ses employés dans sa voiture pour discuter de choses et d'autres (du cours du yuan, par exemple) ou s'accoupler avec. Il lui arrive de sortir de la limousine pour discuter avec sa femme dans un café ou juste prendre l'air, malgré les avis de son garde du corps qui semble craindre une menace indéfinie contre lui. Alors si il y'a bien quelque chose à savoir sur Cosmopolis avant de le voir, c'est qu'il ne faut ni se fier à la bande-annonce ni à la taille des affiches mises en avant dans les cinémas : ce n'est PAS un film au rythme endiablé, ce n'est PAS un film du samedi soir. D'ailleurs, il serait bon de se renseigner un minimum avant d'aller au cinoche. Non, parce que bon, les meutes de hypeux qui arrivent en ricanant dans la salle, armés de leurs pop-corn, c'est écrit en gros sur leurs slims qu'ils vont nous gaver. Et ça ne loupe pas : pendant Cosmopolis, les abrutis venus regarder Pattinson ou bouffer du pop-corn finissent invariablement par ricaner bien fort afin d'imposer aux autres leur consternation et leur malaise face à un film trop hermétique pour eux, ou partent en cours de séance. Si on a le droit de haïr Cosmopolis, sachez, madame, monsieur, que si vous êtes stupide, neuneu, niais(e) ou que vous vouliez juste bouffer votre pop-corn en faisant chier le voisin avec vos mastications, vous allez détester.

    pattinson


    Car Cosmopolis est un film dans lequel on ne fait presque que parler. Pire, les discussions, entre économie et philosophie, ne sont pas franchement des concours de punchlines et leur but semble clairement de nous larguer en route en n'allant jamais jusqu'à leur terme, s'enchainant sans trop de transition. Et pourtant, cela reste assez accessible pour que l'on suive avec intérêt la journée de ce PDG, qui commençait bien et va devenir de plus en plus chaotique. Car à l'extérieur, le monde évolue. On y lance des rats (la nouvelle monnaie d'échange!), un entarteur fou (Matthieu Amalric) cherche à faire de Pattinson sa victime, on s'y fait larguer par sa copine, bref, sans bouger plus que ça de sa bulle protectrice, notre arrogant patron se retrouve petit à petit plonger en enfer. Et, à condition de se laisser prendre au jeu, l'ambiance malsaine de Cosmopolis se fait étouffante, appuyée par une musique discrète mais tout à fait appropriée, à peine allégée de quelques touches d'humour totalement absurde ici et là. Pattinson joue juste, bien aidé par un Cronenberg à la mise en scène efficace, et réussit même à faire un peu mieux que "jouer juste" dans une dernière partie plus folle, lorsqu'enfin il quitte son petit monde et perd peu à peu les pédales.

    Donc même si Cosmopolis est lent et bavard, que les discussions sont incompréhensibles pour certaines et trop superficielles pour d'autres, c'est un film passionnant pour ceux qui s'y feront prendre, à la fin sublime. Le retour de Cronenberg à un cinéma moins "classique" après deux chefs-d'oeuvre et un ratage.

    Note finale : 8,5/10 


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :