• [Critique] Berlin Undead




    Titre
    : Berlin Undead (Rammbock)

    Réalisateur : Marvin Kren
    Année : 2011
    Avec : Michael Fuith, Theo Trebs
    Genre : Zombie, mais en original et en bien.


    Notre monde va mal. Très mal. Comment se fait-il qu'en si peu de temps (une dizaine d'années), des trucs aussi cools que les vampires, les zombies ou Tim Burton soient devenus aussi hype et mainstream? Les ado vénèrent Twilight, on lit Walking Dead en école de commerce, et tout les pseudos artistes (vous savez, ceux qui mettent des grosses lunettes et des slims) ont un patch Mr. Jack à coté de leur logo Nirvana sur leur Eastpack. Le problème n'est pas la démocratisation d'icones, mais plus la prolifération de dérivés bas de gammes profitant de cette mode. On peut cependant souffler, le film allemand Berlin Undead ne fait PAS partie de ces films opportunistes de zombie qui pullulent.

    Grâce à plusieurs idées intéressantes, Berlin Undead évite soigneusement de n'être qu'une énième copie de 28 Jours Plus Tard ou des films de Romero. Tout d'abord, les personnages fuient les stéréotypes : le héros n'est ni un super chasseur de mort-vivants macho et balaises, ni un geek sympa et rigolo, ni un joli jeune homme. Michael (joué par l'excellent et inconnu Michael Fuith) est entre deux ages, porte un pull gris, perd un peu ses cheveux et n'a rien de très athlétique, mais il a l'air gentil. Sa copine n'est pas une barbie. Le compagnon qu'il se trouve est un apprenti plombier de 16ans, Harper (Theo Trebs). Tout cela est très banal, et au final, très réaliste, le naturel des acteurs aidant. Ce réalisme est aussi accru par la sobriété des "zombies" : peut être par manque de budget, on les voit relativement peu, le film comporte très peu de scènes gores, ce qui permet de se focaliser sur les personnages. D'ailleurs, les zombies ne sont même pas des mort-vivants (ce qui sera flagrant à la toute fin), juste des gens atteints d'un virus rendant particulièrement agressif, sorte de mélange de rage (ils bavent beaucoup!) et d'epillepsie, et donc, meurent comme n'importe qui si on les balance par la fenêtre, par exemple. Et surtout, si le virus se transmet toujours par morsure, la mutation n'a lieu qu'en cas de décharge d'adrénaline, ou de situation de stress. Du coup, pour survivre dans ce monde de brutes cannibales, il suffit de se gaver de sédatifs (oh, la métaphore!). Au lieu de se dérouler dans des rues vidées et d'aligner les plans apocalyptiques, Berlin Undead se déroule presque entièrement dans un immeuble, avec sa cour intérieure et ses vis-à-vis permettant de voir ce qui se passe au fur et à mesure chez les autres habitants : disparition de l'un, suicide d'un autre...On pense à Fenêtre sur Cour de Hitchcock, et cette idée permet aux personnages de communiquer entre eux, mais aussi de mesurer l'évolution du virus. Enfin, les zombies restent un problème secondaire pour le héros, qui n'est venu à Berlin que pour y retrouver sa copine, absente de son appartement, et qui se demande tout le long où elle se trouve. 

    rammbock


    L'ambiance du film est donc assez mélancolique, loin des excès visuels ou des atmosphères de fin du monde, Berlin Undead s'inquiète de ses personnages. Michael ne peut admettre que la fille pour laquelle il est venu de Vienne à Berlin est probablement morte et le jeune Harper à abandonné toute idée de revoir sa famille. Ce dernier se concentre donc bien plus sur ce qui se passe dehors, cherchant des solutions pour combattre les zombies ou s'enfuir, et est bien plus tourné vers l'avenir que Michael. Paradoxalement, alors qu'il n'a plus d'espoir de revoir ses proches, il semble bien plus concerné par sa survie. De discrètes touches d'humour viennent, ici et là, rendre plus crédible la situation au quotidien (dur de faire sans toilettes, ou avec une mère zombie qui a l'air de sortir tout droit du premier Rec), permettant à Berlin Undead de ne jamais être totalement noir. D'ailleurs, on pourrait même dire que la fin, franchement originale, est plutôt heureuse dans son genre.

    Berlin Undead est donc une bonne surprise, et l'exemple type de budget microscopique (200.000 dollars) utilisé avec intelligence. Si on y voit forcément des ressemblances avec à peu près tout ce qu'on a déjà vu sur le sujet (et même avec La Horde, pour les images sur le toit, c'est dire...), le film de Marvin Kren va à l'essentiel (d'une durée d'à peine 60 minutes, y'avait intérêt), à savoir ses personnages et évite avec finesse l'exploitation raccoleuse ou l'humour cliché.



    Note finale : 8/10

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