• [Critique] La Belle et la Bête




    Titre
    : La Belle et la Bête

    Réalisateur : Christophe Gans
    Année : 2014
    Avec : Vincent Cassel, Léa Seydoux, André Dussolier
    Genre : Fantastique, Romance
    Pays d'Origine : France
    Durée : 2h

    Cela faisait longtemps que Christophe Gans avait disparu des écrans, depuis 2006 et son Silent Hill. Entre temps, le réalisateur a tenté de mener à bien plusieurs projets, et sans succès. On le sait, se battre pour faire exister un cinéma fantastique français est difficile, et après Le Pacte des Loups qui, déjà, se reposait sur une histoire de notre patrimoine culturel, Gans persévère avec La Belle et la Bête. Peut-être au moment commercialement le mieux choisi : Léa Seydoux est devenue une star depuis qu'elle a fait parler d'elle via La Vie d'Adèle et La Belle et la Bête se retrouve déclinée à toutes les sauces, de la réédition et ressortie du film de Cocteau au spectacle musical inspiré du film de Disney...

    On connait Christophe Gans et sa volonté d'en mettre plein les yeux au public, de lui en donner pour son argent visuellement. Une constante dans son oeuvre qui promettait le meilleur pour La Belle et la Bête, alors qu'il annonçait chercher à s'éloigner de la version de Disney... Jusqu'à présent auteur de films plus ou moins horrifiques, on pouvait s'attendre à une version du conte relativement sombre. Et puis Gans a déclaré vouloir faire un film "tout public", mais "s'inspirant du cinéma japonais, et surtout de Miyazaki". Très bien, on avait le droit d'attendre avec espoir un film poétique, quelque chose qui serait certes pour tout le monde mais sans pour autant être niais. Hélas, La Belle et la Bête échoue sur à peu près tous les plans. Certes, c'est souvent très joli : les décors féériques sont magnifiques et rarement film français aura eu une telle tenue visuelle, bien au-dessus des atroces Alice au Pays des Merveilles de Burton ou du Magicien d'Oz version Sam Raimi. Mais hélas, cela ne signifie pas à créer de la magie, et les images de synthèse ayant servi pour les créatures ne sont pas des plus convaincantes : la Bête parait cruellement désincarnée, et les petits machins mignons inutiles aux grands yeux sont tout à fait hors de propos.



    Mais ce n'est pas le pire. Hélas, et c'est une constante chez Gans, il est bien difficile de se sentir concerné émotionellement par ce qui se passe sous nos yeux. Les acteurs sont tous à coté de la plaque, à l'exception d'André Dussolier : les seconds rôles sont atroces, mais la palme revient aux deux têtes d'affiche. Le pauvre Vincent Cassel n'a hélas pas franchement l'occasion d'exprimer son talent, et Léa Seydoux est la pire erreur de casting de ce début d'année : non seulement elle joue comme un sanglier mort, mais réussit à dégager une aura si antipathique qu'on se fout pas mal des aventures de la pauvre Belle. Difficile donc d'y croire, on suit le film en mode pilotage automatique, tout en sachant très bien comment cela va finir. Il faudra attendre la dernière partie pour dresser un sourcil curieux, alors que Gans se laisse aller à ses délires et que des statues géantes viennent faire un bruit monstre, probablement inspiré par l'univers du jeu vidéo et Shadow of the Colossus. Hélas, toute la bonne volonté au monde, toute la générosité et toute l'envie d'offrir un grand spectacle ne suffit pas à sauver le film, plombé par une son interprétation insipide et un scenario inintéressant. Comme quoi, parfois, se pencher un peu plus sur la direction d'acteur et un peu moins sur des effets numériques rapidement indigestes n'est pas non plus un mauvais calcul.

    Le cinéma de Christophe Gans a toujours été inégal, mais il avait toujours su créer des ambiances, nous inviter dans des univers auxquels on avait plaisir à croire. Hélas, ici, c'est un échec. La Belle et la Bête est un film raté, plombé par des acteurs pas à leur place et laissés à eux-mêmes récitant sans y croire des dialogues totalement creux. Jamais la Bête ne fait peur, jamais la magie ne prend. Dommage, car si on enlève le design du prince maudit et les espèces de mogwaïs, le film est souvent magnifique. Mais même cet émerveillement là a bien du mal à fonctionner tout seul, et La Belle et la Bête finit par ressembler à une pub Lolita Lempicka de deux heures. On souhaite à Christophe Gans de vite se remettre de ce ratage et de pouvoir à nouveau se battre pour que la France possède un réel patrimoine fantastique, mais pitié, pas de cette manière!

    Note finale : 4,5/10 


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