• [Critique] Frayeurs




    Titre
    : Frayeurs (Paura nella città dei morti viventi)

    Réalisateur : Lucio Fulci
    Année : 1980
    Avec : Catriona McColl, Christopher George, Carlo De Mejo, Fabrizio Jovine
    Genre : Horreur, Fantastique, Zombies!
    Pays d'Origine : Italie
    Durée : 1h40 environ


    Au tout début des années 80, le très productif Lucio Fulci a déjà signé plusieurs dizaines de films, dont L'Enfer des Zombies l'année précédente. Frayeurs fait partie de ses films de morts-vivants grâce auxquels le réalisateur s'est fait remarquer, comme L'Au-delà sorti l'année suivante, par exemple. Il y est question d'un suicide de prêtre dans le cimetière de la ville de Dunwich, construite sur les restes de Salem, et qui aurait ouvert une des portes de l'Enfer. Du coup, les morts remontent à la surface, c'est horrible, c'est atroce, bref, on connait la chanson.



    Autant commencer par ce qui ne va pas : ce n'est pas franchement pour son scenario que l'on aime Frayeurs. Plutôt confus, pas franchement original et bourré de petites gaffes (ah bon, la ville de Salem a été détruite?), il sert surtout de prétexte à faire revenir les morts. Et puis on ne parlera pas trop non plus de la toute fin du film, une sorte d'ouverture maladroite mal amenée qui n'a pas franchement de sens. Mais peu importe, car au même titre que le jeu approximatif des acteurs, ces petites failles scénaristiques contribuent également au charme de Frayeurs, dont le grain de l'image, les zooms répétés et les looks des personnages sentent encore bon les années 70. Et la vraie force du film vient de son ambiance, incroyablement sombre, macabre et glauque. On doit cette réussite aussi bien à la mise en scène de Fulci (certaines images sont magnifiques), qu'aux effets spéciaux (les maquillages sont particulièrement impressionnants) ou à la musique de Fabio Frizzi, évoquant ce qui se faisait de mieux à l'époque dans le fantastique et l'horreur à l'italienne (oui, mes yeux se dirigent vers les travaux des Goblin pour Suspiria ou Les Frissons de l'Angoisse d'Argento). Frayeurs, grâce aussi à son rythme assez lent et ses défauts, devient une espèce de délire à la fois onirique et traumatisant, où l'on se laisse bercer par l'étrange beauté qui se dégage de scènes parfois extrèmement gore, comme ce fameux passage où une fille vomit ses propres intestins. Car si il est question de morts-vivants, et si Fulci s'est lancé dans le genre suite au succès de Zombie de Romero, son approche est très différente de celle du "maitre" americain. Chez Fulci, l'ambiance est bien plus fantastique, on est presque dans l'horreur gothique à l'ancienne dont on retrouve les cimetières brumeux et les thèmes vaguement sataniques. On est plus proche de Lovecraft (le nom de la ville, Dunwich) que du réalisme et du social façon Romero. Et cette orientation contribue aussi au charme de Frayeurs, car étrangement les invasions de morts-vivants n'ont que très rarement eu ce charme fantômatique, poétique et esthétique, et c'est bien dommage.

    A une époque où les zombies sont devenus monnaie courante et sont tous identiques, se replonger dans une oeuvre comme Frayeurs est salvateur et nous rappelle qu'un film de morts-vivants peut aussi se démarquer. Lucio Fulci a réalisé une bonne grosse cinquantaine de films, mais celui-ci fait partie de ceux à voir en priorité, pour son ambiance incroyablement morbide et sa recherche esthétique.

    Note finale : 8,5/10 


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