• [Critique] La Mouche Noire




    Titre
    : La Mouche Noire (The Fly)

    Réalisateur : Kurt Neumann
    Année : 1958
    Avec : David Hedison, Patricia Owens, Vincent Price
    Genre : Horreur, SF
    Pays d'Origine : USA
    Durée : 1h30

    Une petite trentaine d'années avant La Mouche de Cronenberg, la nouvelle de George Langelaan avait déjà été adaptée sur grand écran part Kurt Neumann, dans un film bien entendu moins gore et spectaculaire que celui avec Jeff Goldblum, mais profitant de la présence de l'excellent Vincent Price dans un second rôle!



    A partir d'une même histoire (après s'être téléporté avec une mouche, un homme se transforme en celle-ci, son ADN s'étant mélangées à celle de l'insecte), il est intéressant de voir ce que deux auteurs différents peuvent en tirer, chacun à leur époque. Si la version de Cronenberg insiste sur la transformation progressive de son héros, mettant en avant la mutation et la destruction de son corps à base d'effets gores, celle de Neumann est bien plus orientée science-fiction. On est à la fin des années 50, le monde évolue vite (trop pour la femme du savant, d'ailleurs), ce qui amène son lot d'angoisses. Pas d'invasion de martiens ici, ni de robots devenu incontrolable, mais une histoire de savant fou dont l'expérience tourne mal, évidemment. On évite cependant le discours un peu réactionnaire face au progrès et la science que ce genre d'oeuvres peut cacher, du genre "ne cherchez surtout pas à égaler l'oeuvre de Dieu, vous le regretterez!", grâce à une réplique de Vincent Price expliquant que le progrès scientifique, c'est comme l'exploration de nouvelles terres. Et que ce n'est pas une seconde d'inattention fatale qui doit nous empêcher de continuer à avancer. Progressiste donc, malgré la tragédie qui frappe André Delambre, qui se retrouve avec une tête et un bras de mouche, tachant de se cacher à sa femme. La Mouche Noire met d'ailleurs longtemps l'accent sur les rapports du couple, s'ouvrant sur le meurtre du savant par sa femme qui nous narre les événements en flashback. C'est un peu long jusqu'à la transformation, et aujourd'hui la créature peut faire sourire (on n'est pas loin de La Femme Guêpe de Roger Corman, sorti l'année suivante), mais la situation kafkaïenne dans laquelle se trouve cet homme se sachant condamné et se sentant perdre le contrôle a toujours quelque chose d'angoissant, accentué par son incapacité à parler. Et la film s'achève sur une scène d'horreur saisissante, un trucage désuet mais néanmoins impressionnant qui marque forcément les esprits.

    La Mouche Noire est un intéressant film de science-fiction des années 50, bien sûr pas aussi fun (et aujourd'hui moins traumatisant) que celui de Cronenberg, mais qui contient son lot de scènes mémorables. Et de Vincent Price. Au point de ne pas trop s'attarder sur des lenteurs inévitables avant que les choses ne se gâtent.

    Note finale : 7,5/10 


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