Titre : Massacre A La Tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre) 
Réalisateur : Tobe Hooper 
Année : 1974 
Avec : Gunnar Hansen, Marilyn Burns, Paul A. Partain 
Genre : Horreur 
Pays d'Origine : USA 
Durée : 1h20 


Film absolument culte, Massacre A La Tronconneuse a eu trois suites, un remake il y'a dix ans, une préquelle...Et un nouveau film sortira cet été, se déroulant juste après la fin du premier. Le film de Tobe Hooper contient en effet un bon paquet de caractéristique justifiant encore aujourd'hui, après 40ans, son statut de légende. 

Le plus ironique c'est que Hooper avait pour espoir de faire de Massacre A La Tronçonneuse un film avec lequel la censure serait plutôt cool. C'est pourquoi, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer avec un tel titre, le film est plutôt sobre en effets sanglants, le gore n'y ayant absolument pas sa place. Mais son ambiance particulièrement poisseuse et malsaine a traumatisé le public de l'époque, et le film s'est retrouvé interdit quelques années en France, plus de vingt ans au Royaume-Uni, etc. Bref, un moyen ultra-fiable pour faire parler de lui. Et dès le début, cette ambiance macabre est mise en place par une succession d'images glauques évoquant des cadavres pourrissant en plein soleil. On est au Texas, et Tobe Hooper joue sur l'image "redneck" de la région : le groupe de jeunes hippies dans son van passe près d'abattoirs abandonnés et prennent en stop un type visiblement taré, probablement consanguin...On peut penser à Délivrance de John Boorman, sorti deux ans plus tôt. Mais l'ambiance de Massacre A La Tronçonneuse ne provient pas uniquement du folklore texan. Le film a en effet été tourné avec un budget ridicule, dans des conditions particulièrement difficiles et insoutenables pour les acteurs, rendus malade par la chaleur, le sujet du film, et l'odeur des abattoirs servant de décors naturels, ce qui provoque une tension nerveuse palpable à l'écran. Mais également pour des raisons de budget, le film n'a pas de réelles musique, sa bande-son étant composée de bruitages utilisées par Tobe Hooper pour créer l'atmosphère cradingue que l'on connait : cris d'animaux, bruits de tonçonneuses, etc... 



Inspiré assez librement du tueur en série Ed Gein (dont on retrouve aussi la trace dans Pyschose et Le Silence des Agneaux), Massacre A La Tronçonneuse ne nous offre peut-être que très peu de sang, mais nous propose un bon paquet de cadavres décomposés, de mobilier fait en ossements et en peaux....Cette ambiance pesante en ferait presque oublier l'humour du film, certes très noir, pourtant omni-présent. L'auto-stoppeur dégénéré peut faire sourire (aaah, les ploucs, c'est si folkloriques), mais la gestuelle de Leatherface, agitant sa tronçonneuse au dessus de lui en grognant et en secouant la tête, courant dans tous les sens, peut également être vu comme un gag. Et que dire de la fin du film, avec ce repas de famille qui vire au burlesque lorsqu'un grand-père limite momifié essaye à de nombreuses reprises d'assomer une greluche qui hurle, encouragé par sa famille de ploucs diformes? La violence du film et son ambiance morbide ont, à l'époque, peut-être amené le public à passer à coté de cet aspect cartoon bien plus évident de nos jours. D'ailleurs, on peut très nettement voir dans ces moments des bases d'oeuvres plus récentes, comme le cinéma de Rob Zombie, avec ses familles de psychopathes et ses sales bobines, mélangeant violence crasse et humour noir. Et au passage, avec Massacre A La Tronçonneuse, Tobe Hooper popularise un outil qui devient une arme récurrente dans le cinéma d'horreur, de Evil Dead à Tucker & Dale en passant par American Psycho. 

Et si le rythme du film peut paraitre un poil lent aujourd'hui, son ambiance et son humour étrange font toujours mouche. Dommage que la carrière de Tobe Hooper, qui a décollé les années suivantes avec surtout Poltergeist (où Spielberg se serait énormément occupé de la réalisation), avant de retomber peu à peu dans un quasi oubli, n'ait par la suite plus connu d'oeuvres d'une telle qualité. 

Note finale : 9/10