• [Critique] The Lords of Salem




    Titre
    : The Lords of Salem

    Réalisateur : Rob Zombie
    Année : 2013
    Avec : Sheri Moon Zombie, Richard Lynch, Bruce Davison, Ken Foree, Meg Foster, Jeff Daniel Philipps, Dee Wallace, Billy Drago, Lisa Marie, Barbara Crampton, Sid Haig, Michael Berryman, Udo Kier
    Genre : Fantastique, Horreur, Sorcières!
    Pays d'Origine : USA
    Durée : 1h40

    Après une expérience plutôt mitigée sur ses deux Halloween, Rob Zombie retrouve avec The Lords of Salem une liberté totale. Ce qui explique peut-être un pitch bien plus Z, puisqu'il y est question d'un mystérieux CD qui réveille une vieille malédiction, de sorcières et, bien entendu, du grand cornu lui-même. Et, comme Halloween 2 avant lui, The Lords of Salem n'aura pas droit à une sortie en salles chez nous, le film sortira directement en vidéo au mois d'octobre. Dommage.



    La liberté totale dont Rob Zombie a pu bénéficier sur le film, en contrepartie d'un budget minuscule, pourrait être synonyme d'une ultra-violence et d'un humour noir bien cradingue prticulièrement marqué, comme dans son chef d'oeuvre The Devil's Rejects. Bien au contraire, Mr. Zombie décide d'aller totalement à contre-courant, continuant dans la lignée de son Halloween 2, et de s'essayer à quelque chose de plus experimental, plus étrange, plus esthétique aussi, le film dont lui a envie et pas sa fan-base. Laissant de coté son coté trash et redneck, Rob Zombie soigne ses cadres (sublimés par le format scope) comme jamais, The Lords of Salem étant rempli d'images sublimes, ne laissant jamais transparaitre ses limites budgétaires. La musique de John 5, le guitariste de son groupe et ex-musicien de Marilyn Manson, accompagne parfaitement les différentes visions du film, laissant Mozart le remplacer de temps en temps. Mais The Lords of Salem ne se limite pas à un travail plastique impressionnant, et c'est hélas là que le film va diviser.

    Car si la qualité des images est indéniable, le scenario est bien plus discutable. Autant le dire tout de suite, l'histoire est un gros prétexte pour laisser Rob Zombie se lacher dans ses délires visuels, et les personnages n'ont aucune profondeur particulière. Si on peut s'amuser à noter toutes les apparitions de "gueules" du cinéma d'horreur des années 70 et 80, ou d'anciens collaborateurs du réalisateur (que l'on voit trop brièvement parfois), ou à apprécier le jeu plus sobre de Sheri Moon Zombie, on ne peut pas non plus dire qu'on est captivés par leur sort. Assez lent, The Lords of Salem peut être considéré comme le film le plus ennuyeux de Rob Zombie, mais ce serait ne pas accorder d'attention à l'ambiance qu'il crée petit à petit, et rester bloqué sur ses anciens travaux, refusant de voir l'artiste évoluer vers autre chose. C'est con, d'autant plus que The Lords of Salem sera son dernier film d'horreur avant longtemps, à le croire.



    Sinon, on peut se laisser hypnotiser par la succession de plans soignés, remplis de symboles païens, chrétiens et sataniques, avec quelques pointes psychédéliques que l'on peut prendre comme de rares traces d'humour, avec ses trois inévitables vieilles femmes étranges (dont une lit le sort des gens dans la main, forcément). Si l'on peut ranger The Lords of Salem aux cotés de Suspiria de Dario Argento, dans la catégorie "film de sorcières magnifiques mais au scenario qui passe au second plan", c'est plutôt à Stanley Kubrick que l'on pense, avec ces travelings avant très lent dans un couloir d'immeuble au papier peint retro...Ou plutôt, à Stanley Kubrick qui aurait voulu mélanger The Wicker Man de Robin Hardy et Rosemary's Baby de Polansky, mais sous acides.  

    The Lords of Salem est donc un film étrange. Une sorte de trip qui ne ressemble à rien de ce que Zombie ait pu faire par le passé que ce soit dans son cinéma ou sa musique (mis à part les nombreux hommages aux années 70). Si le film risque de dérouter plusieurs de ses fans et de perdre pas mal de monde en route, il est aussi son oeuvre la plus singulière. On est loin du coup de poing en pleine gueule qu'était The Devil's Rejects, The Lords of Salem est, à sa manière, un nouveau petit bijou d'un cinéaste qui a su s'imposer comme un maitre de l'horreur en moins de dix ans, et sa dernière contribution au genre (pour un moment seulement, on l'espère).

    Note finale : 9/10


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