Titre : Evil Dead (The Evil Dead) 
Réalisateur : Sam Raimi 
Année : 1981 
Avec : Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Betsy Baker, Richard DeManicor, Theresa Tilly 
Genre : Horreur, Gore, Possédés 
Pays d'Origine : USA 
Durée : 1h25 

Alors qu'un remake éclabousse actuellement nos écrans (et les gens plantés devant), il serait peut-être temps de revenir sur Evil Dead, le vrai, l'original, celui réalisé par Sam Raimi, un type totalement inconnu à l'époque qui cherchait le moyen le plus "rentable" de se faire un nom dans le métier. Et ce moyen, c'était le film d'horreur gore tourné avec ses deux frères Ted et Ivan, son pote de lycée Bruce Campbell, et un budget tout rikiki obtenu en présentant un court de 30 minutes à des dentistes pour leur soutirer des sous, Within The Woods. 



Malgré ce qu'on peut croire, le début des années 80 ce n'était pas tant la préhistoire que ça. Le public avait déjà été traumatisé par L'Exorciste depuis un bon moment, et la mode était aux slashers, qui alignaient les meurtres de jeunes gens idiots. Dans Evil Dead, on retrouve une bande de jeunes gens plus ou moins idiots (en plus d'avoir une coiffure différente sur deux/trois plans, Scott n'arrête pas de ricaner comme un abruti), qui partent en vacances dans une cabane paumée au milieu d'une forêt dans la montagne. Dans la cave, ils trouvent un bouquin étrange et un magnéto parlant de démons...Et bien entendu, en écoutant la bande, les démons vont se réveiller. Oui, mais Evil Dead n'est pas un quelconque film d'horreur, ne serait-ce que pour sa mise en scène. Sam Raimi enchaine les plans originaux, voire acrobatiques : une rumeur parle d'une camera attachée à un guidon de moto, une autre de cadreur suspendu au plafond...Dès son premier film, le futur réalisateur de Darkman, de la trilogie Spider-Man et de Jusqu'en Enfer fait preuve d'un talent rare pour les prises de vue impressionnantes.

Il nait d'ailleurs de cette mise en scène un sentiment d'étrangeté et de folie, comme si la maison entière prenait vie, sentiment renforcé par les effets sonores et les bruitages. Mais là où le cauchemar prend vraiment forme, c'est avec l'apparition des "deadites" : les pauvres victimes possédées par le démon. C'est après une séquence culte de viol par un arbre qu'ils entrent en scène : rires stridents, sourire figés, maquillages à la limite du clownesque, yeux blancs...Ils pourraient faire rire, mais leur aspect si outrancier les rend aussi terrifiant. Les effets gores sont du même accabit : totalement improbables et exagérés, on a clairement l'impression de voir du plastique, ou même de la pâte à modeler, ce qui n'enlève rien à la puissance des scènes, bien au contraire : cela contribue à l'ambiance cauchemardesque du film.



A tort, le premier Evil Dead est souvent cité comme étant un film comique. Si on peut trouver fun les scènes d'horreur, le but n'était clairement pas de faire rire le public via des gags ou des vannes, mais bel et bien de le traumatiser. Et on ne peut que constater qu'aujourd'hui encore, plus de 30 ans après, le film garde sa puissance, même si on apprécie forcément tout autrement ses effets spéciaux ingénieux. C'est à partir de sa fausse suite, l'excellent Evil Dead 2, que la saga tournera au comique, et que le personnage de Ash sera iconisé. Le premier film enchaine les scènes d'horreur, les démembrements et les giclées de sang avec un rythme soutenu : on se croirait presque dans une attraction de fête forraine tant Sam Raimi nous offre à voir.

De sa mise en scène parfois hallucinante à ses maquillages délirants, chaque élément d'Evil Dead (même le plus bancal) contribue à créer une ambiance folle et cauchemardesque justifiant pleinement son statut d'oeuvre culte. A à peine 20 ans, Sam Raimi donnait déjà une première leçon de cinéma et de débrouille, et ouvrait le bal des débordements gores bien barges des années 80.

Note finale : 9/10