Titre : L'Ombre du Mal (The Raven)
Réalisateur : James McTeigue 
Année : 2012
Avec : John Cusack, Luke Evans, Brendan Gleeson
Genre : Policier


Un jour, en voyant la bande-annonce de L'Ombre du Mal, avec ce pendule qui descend pour découper une victime attachée, quelqu'un m'a dit que c'était copié sur Saw. Mais avant Saw, il y'avait Poe, un écrivain qui justement n'en avait pas. De pot, pas de seau, bien sûr. Et comme tous les écrivains, Poe est mort un jour. Et dans L'Ombre du Mal, James McTeigue se pose deux questions : qu'a donc bien pu faire Poe avant de mourir? Et lui, le petit McTeigue, après V Pour Vendetta, que peut-il faire sans les Wachowski derrière son dos?

Et bien, Poe oblige, ça donne de la brume, des corbeaux et des gens qui disent "never more". D'ailleurs, vous saviez que le mot anglais pour Corbeau donne en français "L'Ombre du Mal"? Non? Bah moi non plus. Encore un titre traduit n'importe comment. Bref. Visuellement, le film tient plutôt bien la route, l'esthétique gothique de L'Ombre du Mal est d'ailleurs son plus grand intérêt. Quel dommage alors que quelques défauts viennent la salir, comme ce sang et ces corbeaux numériques, ou pire, l'étrange vision de Paris qui nous est proposée, avec les Invalides face à la Gare du Nord...Des détails ici et là, mais qui enlèvent au film un peu de sa crédibilité. Crédibilité abimée par John Cusack aussi, qui incarne un Poe errant la bouche mollement entrouverte, pas franchement convaincant. Il n'a pas trop l'air de savoir comment il s'est retrouvé dans le rôle à la place de Robert Downey Jr, et essaye de crier très fort pour faire semblant d'y croire. Le reste du casting tient la route, avec des gueules comme Brendan Gleeson (quelques Harry Potter ou 28 Jours Plus Tard) ou Kevin McNally (les Pirates des Caraïbes).



Et pourtant, il y'avait matière à faire quelque chose de vraiment bien. Les nouvelles de Poe regorgent d'idées intéressantes à exploiter, comme l'a prouvé Roger Corman par le passé, ou plus récemment Stuart Gordon pour la deuxième saison des Masters of Horror. Certes on est content d'avoir droit à des meurtres relativement gores qui viennent nous réveiller alors que le scénario ultra-linéaire aurait tendance à nous endormir. L'Ombre du Mal, avec ses morts glauques et son ambiance cradouilles fait penser à un Seven du pauvre : malgré un bel emballage, le film manque d'ambition et se déroule sans génie ni vraie originalité. Et sans les Wachowski pour l'aiguiller, McTeigue a bien du mal à également donner du relief à ses scènes d'action (la scène du bal aurait pu être tellement plus impressionnante...). Au final, L'Ombre du Mal semble être un film fait sans trop de passion, bourré d'approximations faciles et au twist décevant. Cependant, son esthétique morbide lui donne assez de corps pour se laisser regarder sans déplaisir non plus. Par contre, j'aimerais bien avoir une conversation avec le malade mental qui a décidé de terminer le film sur cette image et cette musique de générique final, à croire qu'il a voulu enterrer le film pour de bon en une seule seconde. Sûrement le même mec qui a choisi le titre en VF.

Note finale : 5/10