• [Critique] Stoker




    Titre : Stoker

    Réalisateur : Park Chan-Wook 
    Année : 2013
    Avec : Mia Wasikowska, Matthew Goode, Nicole Kidman
    Genre : Thriller Psychologique, Drame
    Pays d'Origine : USA, Royaume-Uni 
    Durée : 1h40

    Premier film du sud-coréen Park Chan-Wook depuis Thirst, datant de bientôt quatre ans, Stoker est aussi son premier film americain. D'après un scenario écrit par l'acteur Wentworth Miller, Stoker pourrait donc être un énième ratage de réalisateurs asiatiques venus se faire broyer à Hollywood. Oui, mais non. Derrière un pitch qui rappelle forcément L'Ombre d'un Doute (un oncle mystérieux et un peu louche débarque dans une famille et exerce une fascination limite malsaine sur sa nièce, qui vient de perdre son père), Stoker est loin d'être un remake officieux du film de Hitchock, ou une quelconque autre production sans âme.

    Dès le générique de début, on remarque le soin esthétique apportée au film, la façon dont les lettres s'attachent aux images, le travail apporté sur chaque plan. La grande qualité de Stoker, celle qui nous frappe le plus, du début à la fin (le générique de fin qui descend au lieu de monter), c'est sa beauté plastique. On ne peut qu'admirer le travail de mise en scène de Park Chan-Wook, par exemple au cours d'un plan séquence où l'on suit l'Oncle Charlie qui lui même suit sa nièce, que l'on suit également au fur et à mesure qu'elle passe devant les fenêtres, ou encore un raccord sur les cheveux de Nicole Kidman qui deviennent peu à peu des brins d'herbe. Il se dégage du cette réalisation et du montage une impression de fluidité qui rythme Stoker et nous berce petit à petit. La relative lenteur du film renforce le pouvoir de fascination de l'Oncle, auquel l'excellent Matthew Goode (Watchmen) prête son sourire colgate et sa dégaine de Ken, un peu comme un Tom Cruise en plus jeune. L'ensemble du casting est irréprochable, Mia Wasikowska a depuis longtemps fait oublier sa participation à Alice au Paysdes Merveilles, et Nicole Kidman, avec son visage rendu monstrueux par la chirurgie esthétique campe à la perfection la mère détestable et égoïste.



    Là où Stoker devient moins convaincant, c'est avec son scenario. La relation entre l'Oncle Charlie et India évolue un poil rapidement, de manière pas toujours crédible ou pertinente. Cependant, le nombre de pistes dans lesquelles nous attire Park Chan-Wook rendent l'histoire plaisante à suivre. Dès le début, encore une fois, il nous met certains éléments sous les yeux en les cachant, ou nous attire sur de fausses voies (ou pas!) : bien que le film ne franchisse jamais la barrière du fantastique, on pense au vampirisme (le nom de famille, Stoker, nous oriente forcément quand Charlie ne mange pas un morceau à table ou parle de ce que transmet le sang), on se demande si Charlie existe vraiment, si il est bien l'oncle d'India...On note les références à Hitchcock (l'histoire, les décors), modèle de Park Chan-Wook. Tous ces éléments font aussi la richesse de Stoker, au delà de son récit "initiatique", sur l'évolution d'India. Bien que beaucoup plus sage que les précédents travaux du réalisateur (on est loin des scènes gores de Thirst), Stoker réserve aussi son lot de meurtres sanglants (strangulation, décapitation). On s'amuse d'ailleurs du changement radical de ton lors des dernières minutes, qui évoquerait presque Tarantino (sans en dire plus!).

    Compensant une intrigue affaiblie par des rapports évoluant de façon trop faciles entre Charlie et sa nièce par sa splendeur visuelle et sa richesse thématique, Stoker nous emmène vers plusieurs directions et plusieurs lectures afin de nous intriguer du début à la fin et de brouiller les pistes, laissant l'Oncle exercer son pouvoir de fascination tout le long du film.

    Note finale : 8/10 


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